Nous vivons entourés de bruit. Au travail, dans la rue, à la maison : bien rares sont les moments de silence. Cela fatigue notre cerveau. Or les recherches en neurosciences sur le sujet se sont multipliées ces dernières années et démontrent que le cerveau a besoin de ces moments de  « vide sonore » pour se régénérer.

Pourquoi le cerveau a-t-il besoin de silence ?

Quand le cerveau fonctionne à plein régime, il consomme beaucoup de glucose. Ce qui génère énormément de détritus (en l’occurrence des protéines). Or l’on sait maintenant que ces toxines qui s’accumulent,— si elles ne sont pas évacués — sont la porte ouverte aux maladies, notamment dégénératives quand il s’agit du cerveau.

À noter qu’il en est de même pour l’ensemble du corps humain. Par exemple, si les cellules mortes que le corps produit au quotidien ne sont pas correctement éliminées, elle s’accumulent notamment au niveau des articulations avec son lot de maladies inflammatoires telles que l’arthrose, etc.

Or, dans un article de Christophe André : *Silence… vos neurones poussent* (dont j’ai repris le titre si évocateur),  une étude réalisée sur des souris en 2013 montrent que celles exposées au silence deux heures par jour développaient de nouvelles cellules dans l’hippocampe (région associée aux émotions, à la mémoire et à l’apprentissage) contrairement aux souris exposées au bruit.

Le processus de « nettoyage » du cerveau ?

Cela a été mis en évidence par la chercheuse américaine [Maiken Nedergaard] lors d’une phase appelée système glymphatique — je ne vais pas rentrer dans les détail, cela dépasserait les propos de cet article. Mais sachez que sommeil et repos sont indispensables au « nettoyage » du cerveau. On sait tous qu’il nous faut un bon sommeil pour récupérer aussi bien sur le plan physique que sur le plan mental, mais on est moins conscient qu’il nous faut aussi préserver des plages de silence au quotidien pour le bon fonctionnement de nos neurones.
Or dans le monde agité dans lequel nous vivons, où l’on essaye de plus en plus d’accaparer notre attention à chaque instant (ex : le phénomène du scrolling sur les réseaux sociaux), **, notre concentration et notre mémoire se détériorent, notre cerveau s’épuise et ne peut plus se reconstruire.

Le silence nous est donc indispensable pour garder un cerveau en bonne santé. C’est d’ailleurs ce que l’on pratique dans nombre de spiritualités. Notamment, dans la tradition yogique, avec Mouna ou la loi du silence que l’on conseille une à deux heures par jour (on est loin du compte dans nos sociétés !). C’est aussi pourquoi dans beaucoup de retraites, le silence est à l’honneur.

Lors de mes propres retraites, j’ai parfois pu observer combien il était difficile pour certain(e)s participant(e)s de se plier à cette règle, ne serait-ce qu’une heure. Il est donc important de se rendre compte à quel point l’on est “pollué” par notre environnement et nos habitudes, et de savoir prendre le large et larguer les amarres, afin de se ménager ces pauses sonores si indispensables pour préserver notre cerveau et éloigner le spectre des maladies dégénératives.

Sport et silence

Dans les salles de sport, les écrans sont omniprésents. Nombre de coureurs et cyclistes pratiquent avec un casque sur les oreilles. Moi-même, il m’arrive d’écouter de la musique en faisant du sport. Il est vrai que la musique peut être d’une grande aide pour nous aider à nous dépasser, ou tout simplement à résister à l’ennui quand l’on doit effectuer des exercices répétitifs et fastidieux. Mais attention, avec ces pratiques on se coupe de ses sensations et de ses ressentis. Ce phénomène est accentué par l’utilisation d’accessoires connectés.

En pratiquant en silence, on favorise l’écoute du corps, notre meilleure conseillère pour progresser sans se blesser.

Sources

Cerveau et silence de Michel Le Van Quyen
Silence, vos neurones poussent  (Christophe André : Cerveau & magazine : 12 /2016)

Articles connexes

Mouna ou la loi du silence